8 Juin 2021

[CLIMAT] SCO : le spatial au service du littoral

L’observatoire spatial du climat (SCO) se définit comme une initiative mondiale pour étudier les impacts du changement climatique. Et il n’hésite pas à passer à l’action en labellisant des projets locaux qui ont le potentiel de servir de modèle à l’international. C’est du concret. La preuve par 2 avec Littoscope et SamTool Alert.

Littoscope, profondément SCO

Face à l’élévation du niveau de la mer due au changement climatique, l’occurrence d’événements extrêmes comme les tempêtes risque d’engendrer des phénomènes de submersion marine de plus en plus impactant sur les territoires littoraux.

En mettant le satellite au service de l’identification des zones impactées et de l’évaluation des risques de submersion marine, le projet LittoSCOpe vise à développer un outil d’aide à l’adaptation aux effets du changement climatique dédié aux littoraux.

Selon Claire Dufau, responsable du projet et responsable de l’équipe projets applicatifs océan et côtier de CLS, Littoscope est « typique du concept SCO : des données satellites combinées à des données in situ et socio-économiques pour répondre aux problématiques avérées des territoires face au changement climatique ».

En l’occurrence ici la région des étangs Palavasiens (34) et de Gâvres (56), des zones géographiquement différentes pour tester la dimension reproductible du projet, dans des contextes variés.

Concrètement, il s’agit de s’adresser aux décideurs de zones côtières et de les aider dans la compréhension des risques liés à leur territoire, grâce à une plateforme web dédiée.

Cette dernière leur permet de visualiser les futurs aléas de submersion permanente et temporaire, ainsi que l’estimation des risques humains, socio-économiques et environnementaux associés à ces aléas.

LittoSCOpe a été labellisé par le SCO en 2020 et est porté par 4 partenaires (CLS, CNES, BRGM, Jochen Hinkel), soit environ 25 personnes. Après 12 mois d’accompagnement, le projet touche à sa fin, du moins pour cette phase.

Claire Dufau témoigne : « Nous sommes arrivés au bout de ce qu’on avait prévu de faire et les résultats sont à la hauteur de nos attentes. Nous en ressortons avec des informations plausibles et exploitables. Nous pouvons maintenant commencer à proposer cette solution à d’autres territoires, tout en continuant à travailler avec les équipes du CNES sur la base de données de nouveaux satellites. Par ailleurs, nous avons déjà identifié des pistes complémentaires au projet : travailler sur le mouvement des terres ou encore l’érosion côtière pour renforcer la solution actuelle. Du côté des 2 territoires d’expérimentation, nous avons prévu de collecter bientôt leurs retours pour nous aider à avancer. En effet, outre l’intérêt d’appliquer la solution Littoscope à d’autres régions du monde, ce travail est peut-être signe de futurs projets avec Palavas-les-Flots et Gâvres. »

Et elle conclut : « Le leitmotiv de l’équipe est de se rapprocher des besoins sociétaux et nous sommes fiers d’accompagner le CNES sur ce rayonnement dans le cadre du SCO. »

SamTool Alert, la chasse aux sargasses depuis l’espace

Autre région du globe, autre solution mais toujours en lien avec le littoral. Direction les Caraïbes avec un outil de surveillance et d’aide au diagnostic pour la gestion efficace des arrivages d’algues sargasses sur les zones côtières. La région des Caraïbes a beaucoup souffert de la crise liée à l’échouage en masse d’algues sargasse. Les économistes estiment le coût des efforts de nettoyage à 120 millions USD pour la seule année 2018. Cet outil existe déjà, il est proposé par CLS et se nomme SAMtool.

 C’est la solution SAMtool Alert qui a été labellisée par le SCO en mars 2021. Sa dimension « aide à la décision » a été un atout dans cette démarche. A terme, l’idée est d’intégrer SAMtool Alert au service SAMtool, afin d’aboutir à une solution complète pour les décideurs locaux concernés. 

Marion Sutton, responsable du service

 Concrètement, qu’est-ce que c’est ?

En 2018, le CLS et NovaBlue Environnement mettent en place SAMtool, grâce au support de l’ESA. Mis à la disposition des autorités locales des Caraïbes, cet outil permet un suivi par satellite des algues sargasses et de leur trajectoire d’échouement sur les plages.L’objectif ? Anticiper les arrivages pour mieux préparer leur collecte et le nettoyage des plages dans un but touristique, mais également de santé publique à cause des émissions de gaz associées.

Les retours des utilisateurs sont alors unanimes : SAMTool comble un manque dans la gestion des arrivages de sargasses, mais il faut aller plus loin pour des utilisateurs qui travaillent au quotidien sur le terrain.

C’est ainsi que l’idée de SAMTool-Alert voit le jour : répondre aux besoins des utilisateurs en optimisant la solution technique grâce notamment à un système d’alerte, et à la prise en compte des enjeux de chaque territoire grâce à des indicateurs socio-économiques d’aide à la décision.

Les données satellitaires sont ici aussi couplées à des indicateurs économiques de terrain pour aboutir à une solution complète et clé en main pour les décideurs locaux.

A ce jour, 6 partenaires travaillent sur ce projet, soit une quinzaine de personnes.

Ce projet en est au début de son aventure au sein du SCO et recherche actuellement des financements. Dans cette optique, « la labellisation est gage de visibilité et de légitimité supplémentaires face à des financeurs et des utilisateurs potentiels. Le label SCO est un gage de la qualité et de l’expertise de ce que nous proposons et montre que le projet répond à des enjeux climatiques et à des besoins sociétaux réels. » précise Marion Sutton.

SAMTool-Alert est pour le moment proposé en partenariat avec des territoires pilotes en Martinique, mais pourrait tout à fait s’appliquer à l’ensemble des Caraïbes, voire à l’Afrique de l’Ouest, régions également touchées par les sargasses.

Le rôle du CNES

SCO France : l’implication du CNES

Frédéric Bretar, chef du projet SCO au CNES le résume ainsi : « Le CNES est à l’initiative de la création du SCO lors du premier One Planet Summit en décembre 2017. Aujourd’hui, nous sommes toujours très moteur dans l’animation du SCO dans le cadre du Comité Inter-Organisme. Nous participons ainsi au montage des projets, à la mise en relation des laboratoires et des entreprises qui sont amenés à travailler ensemble au sein des projets SCO, au financement de ces projets, du moins en partie. »

SCO international : une gouvernance qui prend son envol

Avec 31 signataires, le SCO international prend une autre dimension.

Laurence Monnoyer-Smith, Directrice du Développement Durable et de la Performance insiste sur le fait « qu’il est maintenant important de faire évoluer ce réseau vers un modèle plus structuré qui engagera les Etats et pas seulement les agences spatiales. Une Charte Internationale du SCO est actuellement en cours de rédaction et sera présentée lors de la COP 26 en novembre 2021. Cela nous permettra faire entrer d’autres pays et d’autres structures au sein du SCO, mais aussi de stabiliser le processus de partage et de mise à disposition des données récoltées dans le cadre des projets. »

Quant à ce que l’on pourrait souhaiter au SCO pour l’avenir, Laurence Monnoyer-Smith fixe le cap : « qu’il devienne un programme phare des Nations Unies dans le cadre de sa politique de lutte contre le changement climatique, dans le but d’aider les territoires, de protéger les populations et les ressources. »

Bon vent au SCO et à l’ensemble de ses projets !

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Saint Louis Crédits : SCO

un littoral, des littoraux

En plus des projets Littoscope et SamTool Alert, le SCO a labellisé d’autres projets en lien avec le littoral, comme OSS Saint Louis au Sénégal, dont l’objet est de sensibiliser les acteurs aux risques et aléas en zone côtière, en lien avec le changement climatique.

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A propos du SCO

Le SCO vise à étudier et surveiller les impacts du changement climatique et à s'y adapter en particulier à l'échelle locale, à l'aide d'outils d'observation de la Terre basés sur des satellites associés à des données de terrain et à des modèles. Cet objectif repose sur 4 piliers : transparence des actions, des données utilisées et fournies, renforcement des capacités locales, partage de connaissances et outils opérationnels pour l’adaptation du changement climatique. Il est constitué d’un SCO international de 31 signataires et de SCO nationaux dont le SCO France.